Maghreb auquel on associe la Mauritanie et la Lybie
Machrek, y compris la péninsule arabe, l'Egypte et le Soudan
Au delà,
Turquie, Iran, Kurdistan, Azerbaïdjan et Afghanistan
Inde du Nord et Pakistan
Afrique, Asie centrale et Europe islamisées
Ces musiques sont basées sur un système tonal avec quelques variations selon les aires géo-culturelles mais, elles sont toutes caractérisées par le Maqam. genre modal qui s'exprime par l'improvisation selon des règles bien définies, modales et rythmiques, etc.
Concernant la culture arabe proprement dit, elle se distingue des cultures persanes et turques par,
la langue
l'Islam
les traditions
En ayant la connaissance de ces facteurs, il devient plus aisé d'être pénétré par cette culture.
A l'heure actuelle, il est impossible de ne pas tenir compte des mouvements et des courants politiques, religieux, sociaux voire « révolutionnaires » et autres. Indéniablement, ils peuvent exercer une influence certaine sur la vie musicale, parfois même, menacée.
Les origines de ces musiques remontent à des périodes pré-islamiques, bien lointaines.
Dans
les ouvrages consultés, les plus anciens documents retrouvés
décrivant les pratiques musicales arabes datent du VIème siècle
après J.C., 100 à 150 ans avant l'avènement de l'Islam en 632.
La Djahiliya désigne dans le Coran la période pré-islamique caractérisée par la présence dans la péninsule arabique d'un panthéon d'idoles. La société était alors divisée en tribus et la loi qui prévalait était celle de la solidarité tribale.
Néanmoins, cette période « d'ignorance » remonte à beaucoup plus loin, peut-être plus d'un millénaire.
Sa vie musicale était centrée sur la qaïna, quiyan au pluriel. Etablie dans les cités commerçantes importantes de la péninsule, Médine, la Mecque, du Yémen, sa fonction n'avait rien d'équivoque, courtisane dispensant chant, boisson et sensualité. Elle pouvait être indépendante ou être au service d'un seul maître. Nombre de nobles ou seigneurs abritaient dans leurs palais un grand nombre de quiyan.Leur talent consistait à déclamer les vers des grand poètes de l'époque, mais aussi de les chanter. Cela supposait donc qu'elles maitrisaient parfaitement et la langue, et l'art du chant et de l'improvisation.
Durant cette période, deux styles d'art vocal se sont individualisés
les chants des peuples sédentaires, en particulier celui des quiyan
les chants des peuples nomades, celui des chameliers, plus rudimentaire et rythmés sur le pas du dromadaire
L'art des quiyan, très apprécié a prospéré bien après l'apparition de l'Islam, jusqu'au IXème siècle. Leur art vocal, très élaboré, dans le fond et la forme a caractérisé cette Djahiliya. Ces chants, bien qu'arabes de part l'origine, la répartition géographique et la langue ont du être malgré tout influencés par les cultures voisines. Dans ces grands centres commerciaux où elles étaient établies, on retrouvait dans la population, des Persans, des Egyptiens, des Byzantins ou des Ethiopiens. Toutes les religions et les païens cohabitaient.
Les chants des quiyan, malgré toutes ces influences étrangères,
issus et reflets de la grande poésie contemporaine ont gardé leur
caractère typiquement arabe.
Jusque vers 660, l'Islam vis à vis de l'art musical reste neutre et l'art vocal des quiyan, des nomades ou des populations sédentaires a pu sans difficultés maintenir sa tradition, sans aucun changement.Plus tard, malgré les interprétations diverses et contradictoires par les théologiens de certains versets du Coran qui se rapportaient à l'art vocal, chant et musique ont continué de prospérer.
Pendant cette période de domination des Omeyyades, piété et religion d'un côté et art vocal et musical ont cru en parallèle.
Touaïs eut comme élève Ibn Souraïdj, lui même enseigna à Algharid
Sa'ib Khatir, contemporain de Touaïs fut le maître de Ma'bad et de Younes al-Katib. Ce dernier mit en musique ses chants dédiés à sa bienaimée Zaïnab, les Zaïanib.
al-Katib enseigna à Siyat et Ibrahim al-Mausili.
Ibn Djami' et Ibn Al'aoua', en collaboration avec al-Mausili, rassembleront pour Haroun al-Rachid les cent meilleurs chants de l'époque.
Ce chant ou saouat, se composait généralement de deux vers mais la mélodie pouvait appartenir à un ou plusieurs chanteurs. Ma'bad s'était rendu célèbre par ses chants nommés Houssoun, Younous al-Katib par ses Zaïanib. Chacun pouvait « acheter » un Saout à son compositeur qui le lui chantait à plusieurs reprises jusqu'à ce qu'il le retienne parfaitement. Beaucoup d'informations existent concernant ces chants mais elles ne nous permettent pas de restituer leurs mélodies. Cependant des précisions ont été apportées sur le nom du poète, le rythme, le texte et la métrique, ainsi que sur le système tonal de cette tradition de chant arabe classique. Le mode était fixé par sa note de départ et, le deuxième ou troisième degré joué sur le manche du luth avec respectivement l'index et le médius ou l'annulaire. L'intervalle entre la note initiale et la note suivante pouvait vraisemblablement être d'un demi-ton ou d'un ton eux-même plus ou moins grands.
La première moitié du IXème siècle vit le déclin d'ancienne tradition musicale du Hedjaz, remplacé par un courant nouveau, venu de Perse et mis au jour à Bagdad. Ce mouvement fut porté par le chanteur et oudiste Ibrahim al-Mahdi (779-839). Ishaq al-Mausili et ses contemporains se sont opposés, en vain, à ce renouveau et à cet assouplissement de la tradition
Outre cette querelle entre anciens et partisans du renouveau, un autre conflit opposa le grand musicien de la cour de Haroun al-Rachid, Ishaq al-Mausili et l'un de ses élèves des plus doués, finalement devenu rival, Zirïab. Al-Mausili fit savoir à son souverain qu'il ne souffrirait une telle concurrence, néfaste et dangereuse et conseil lui fut donné de quitté Bagdad sans attendre. Zirïab quitta son pays pour l'Andalousie où les Omeyyades avaient également émigré après la chute de leur dynastie en 750 à Damas. Ziräb fût accueilli à bras ouverts à Cordoue par le Sultan Abdel Rahman II.
Ziräb fonda à Cordoue une école de musique et, riche de son héritage traditionnel que son maître Ishaq al Mausili lui avait enseigné, s'en libéra peu à peu. Il fonda, à Cordoue, ce courant à l'origine de la musique andalouse qui s'étendit à Séville, Valence, Grenade et Tolède.
La musique andalouse que nous connaissons aujourd'hui, ainsi que la tradition vocale du Maghreb sont les héritières directes de ces traditions musicales, introduites par Zirïab chassé de Bagdad au IXème siècle après que les arabes quittèrent l'Espagne pour l'Afrique du Nord durant la Reconquista, jusqu'au XVème siècle.
Nous allons développer dans cet article une théorie simplifiée de la musique arabe, compréhensible par tous. Il sera forcément incomplet. La tâche est immense, l'article sera complété au fur et à mesure...
Nous espérons éveiller votre curiosité et, vous donner envie
d'aller un peu plus loin...
Les musiques arabes sont nées d'interactions entre diverses cultures et elles ne sont que la continuité d'autres cultures, notamment grecques anciennes.
C'est la poésie qui lui a donné naissance. Les poèmes, de récités, ils ont été chantés. Naissance de la mélodie, des modes, des maqamat.
Le rythme est venu ensuite, donnant à la mélodie des accentuations. Il pourront être"fixés" par le texte ou libres.
La théorie repose donc sur ce tryptique:
- la poésie: le texte
- la mélodie: le système tonal, les modes, le maqam
- le rythme: libre ou fixe
Sommaire:
Ca va? Tout le monde suit? OK
Tenez-vous bien, nous allons approfondir mais, ce sera pour le plus grand bien de nos oreilles.
Les musiciens occidentaux ont codifié leur théorie musicale à partir de la gamme* tempérée. Chaque note de cette gamme est séparée de sa suivante par un intervalle "fixe", une seconde majeure ou mineure, la valeur d'un ton ou d'1/2 ton.
Cette gamme peut se subdiviser en 12 demi-tons donnant alors la gamme chromatique.
Système occidental, gamme sur une seule octave
Système arabe basé sur une échelle d'une double octave.
- 12 intervalles pour la gamme tempérée.
- 48 intervalles "au moins" pour la double octave du système arabe! Avec même des valeurs variables!!
Ca va toujours?
Comme je l'écrivais précédemment, la note la plus grave de cette double octave est Sol, Yakah ou Yak-gah.
Cette gamme fondamentale constitue l'ossature, la charpente de ce système tonal.
Chacune de ces notes soutient cet ensemble. Ce sont elles que l'on retrouve le plus souvent dans les différents modes ou maqam* ou, comme note de départ de ceux-ci.
Entre chaque "pilier" existent des degrés intermédiaires, un, deux, parfois trois ou aucun. Leur niveau d'importance est codifié, hiérarchisé.
Vous remarquerez:
- l'octave moyenne qui va du Do grave au Do aigu ou, du degré Rast à Kardan.
- les Mi et Si ou Sah-gah et Iraq qui sont précédées d'un bémol* barré? Cette altération non usuelle dans le système occidental est appelée demi-bémol. Nous allons voir tout cela en détails dans le chapitre II
L'octave moyenne:
La gamme arabe fondamentale parait résulter en fait de l'extension vers le grave et vers l'aigu d'une octave princeps qui en occupe le "centre", l'octave moyenne.
Cette gamme a été nommée Rast, se référant au nom de son 1er degré.
Rast signifie régulier, normal. Elle aurait été choisie parce qu'une voix normale émettrait cette succession mélodique de note, naturellement.
Le demi-bémol:
Je n'ai pas trouvé de police de caractère me permettant d'écrire dans le texte ces altérations et, j'utiliserai les symboles suivants:
Ainsi, entre La et Do, nous aurons successivement:
La ... La+/Sib-... La#/Sib ... Sib+... Si ... Si+... Do
....1/4...............1/4.............1/4......1/4...1/4....1/4....
Entre La et Sib+, l'intervalle est de 3/4 de ton
Entre Sib+ et Do, même intervalle de 3/4 de ton
Dans la gamme fondamentale, ces notes ont leur nom propre, du grave vers l'aigu:
Et ces notes sont aussi IRREDUCTIBLES que les gaulois du village de Babaorum! Pour toutes les autres notes, il a été trouvé un équivalent dans la gamme tempérée mais CELLES-CI, IMPOSSIBLE!
Ce sont des notes piliers, elles sont des pièces maîtresses dans l'ossature de la gamme fondamentale.
Tous les savants, érudits, etc...s'y sont frottés depuis des siècles, ces notes sont INDISPENSABLES. Elles ne peuvent etre éludées, effacées ou que sais-je encore. Leur élimination équivaudrait à une destruction pure et simple de cette "tradition" musicale.
Les notes "irréductibles":
Alors ces irréductibles?
Leur origine viendrait de la position des doigts du musicien sur le manche du oud, en 1ère position.
Il existe de nombreux accords pour le oud. A l'origine de cette gamme arabe, le oud avait ses cordes libres accordées ainsi, du grave vers l'aigu, pour les 3 premiéres cordes: Yakah, Rast, Djaharkah.
Sillet -------I
Djaharkah
--Do---------l-------------Ré--l------ Mib+-l-Mi-l---Fa-l------------
Rast-Sol1--------l--------------La-l-------Sib+-l-Si--l---Do-l----------
Yakah
Lorsque les doigts appuient sur la touche du oud, naturellement, pour la corde Yakah:
- l'index donne le La
- le majeur ce fameux Sib+
- l'annulaire le Si
- l'auriculaire le Do
Pour les instruments frettés, c'était la position de la ligature.
C'était comme si le majeur se posait à un endroit intermédiaire entre le La et le Do, divisant cet intervalle de tierce en 2 intervalles de seconde qui ne sont ni mineure, ni majeure.
Ces secondes sont qualifiées de neutres ou médianes. Elles sont à peu près égales et correspondent environ au fameux 3/4 de tons. Ouf...
Exercice: vous faites la même chose avec la corde Rast. A vous de jouer!
Je n'ai pas pu faire mieux pour la qualité de l'image.
Les notes piliers en MAJUSCULE et caractères gras.
Les moins souvent utilisées en minuscule et en gras
Celles rarement utilisées en italique.
Voilà pour les sons de la première octave. Pour la deuxième, les noms diffèrent mais la hiérarchie est la même.
Dans la musique occidentale, le cadre essentiel reste la gamme avec ses caractéristiques, majeure ou mineure et, la tonalité. L'ensemble ayant pour cadre, l'intervalle d'octave.
Dans le système modal arabe, la cellule première, comme les modes grecs est, le tétracorde. Intervalle de quarte.
Je cite en exemple quelques modes grecs:
IDo------Ré------Mi---Fa--II--Sol------La------Si---DoI
Il est caractérisé par 2 tétracordes successifs, identiques avec la même succession d'intervalles, séparés par 4/4 de tons.
IFa------Sol------La------Si-II-Do------Ré------Mi---FaI
2 tétracordes différents et séparés par 2/4 de tons.
ISol------La------Si--Do--II--Ré------Mi--Fa------SolI
Ici, 2 tétracordes successifs mais, non identiques et séparés de 4/4 de tons.
Dans ces exemples, les premiers tétracordes caractéristiques de chaque mode ont leur tierce qui est majeure. Sa "couleur" sera majeure.
Les modes commencant par les notes Ré, Mi ou La auront une "couleur" différente, mineure, la tierce du premier tétracorde étant mineure.
Dans la musique arabe, à partir de la gamme fondamentale que nous avons décrite, nous allons extraire ainsi des tétracordes qui chacun, selon sa succession d'intervalles caractéristiques, donnera naissance à tel ou tel genre, avec une "couleur" spécifique: Gaie, triste, mélancolique, joyeuse, féminine, fierté, virilité, sentiment amoureux, etc...
Parmi les différentes combinaisons d'intervalles, certaines sont dissonantes ou ne donneront que des expressions mélodiques pauvres, peu colorées. Comme les règles d'harmonie ou de composition du système occidental, il ya des règles qui régissent la combinaison de ces intervalles. Nous n'entrerons pas dans ces détails.
Nous décrirons dans le chapitre suivant, la classsification de ces genres ou de ces successions mélodiques les plus utilisés.
Ca va toujours? N'ayant toujours pas de retours de commentaires, je suppose que vous suivez....
I. Les intervalles qui entrent dans la composition des différents genre la musique arabe:
II. Les genres diatoniques, ils sont obtenus à partir des degrés de la gamme occidentale:
Il y en a 3. Ils correspondent aux modes grecs ionien, dorien et phrygien. Les intervalles qui ne sont forcément que des tons entiers(4/4) ou des 1/2 tons(2/4) sont combinés ainsi:
III. Les genres diatoniques sont obtenus à partir des degrés de la gamme fondamentale arabe avec ses fameux Si et Mi abaissées d'1/4 de ton, environ:
Ils sont plus nombreux. Les intervalles utilisés ne sont que des tons entiers(4/4) et des tons "irréductibles" de la valeur de 3/4 de tons.
IV. Les genres "chromatiques"utilisent, dans le même tétracorde, l'intervalle de seconde augmentée(6/4) associé à 2 intervalles de la valeur de 1/2 ton ou 1/4 de ton.
V. Les genres particuliers, non classables dans l'un des genres précédents.
C'est simple non?
Si l'on compare avec la musique occidentale
...
Pour ne pas vous effrayer, je resterai le plus simple et le plus clair possible. En effet, il peut exister plusieurs noms différents pour un "même" genre ou pour un même "famille"de genre selon les ouvrages, les auteurs ou les époques...
Il y a bien des différences mais, elles restent subtiles et vous les apprendrez par vous même si vous....approfondissez...
Je simplifierai donc en donnant des noms "génériques".
I. Le genre TSAHAR-GAH: 4/4, 4/4, 2/4 + (4/4)
Cette disposition d'intervalles diatoniques correspond à celle du mode majeur de la musique occidentale, le mode Ionien. Les deux tétracordes sont séparés par un ton.
do------ré------mi---fa-(4/4)-sol------la------si---do
Tsahar-gah signifie 4ème position ou 4ème degré. La note Do étant le 4ème degré de la gamme fondamentale arabe qui débute par la note Sol.
On retouve cette même disposition d'intervalles dans un mode appelé Adjam qui repose sur la note Sib (Qarar Adjam).
II. Le genre BUSAH-LIK: 4/4, 2/4, 4/4 + (4/4)
Cette disposition correspond ici au mode mineur de la musique occidentale, au mode Dorien des grecs. Les deux tétracordes sont séparés par un intervalle de un ton.
ré------mi---fa------sol-(4/4)-la------si---do------ré
III. Le genre KURDI: 2/4, 4/4, 4/4 + (4/4)
C'est également un mode mineur, selon la musique occcidentale. Il correspond au mode Phrygien des grecs.
mi---fa------sol------la-(4/4)-si---do------ré------mi
I. Le genre RAST: 4/4, 3/4, 3/4 + (4/4)
Ce mode est un des plus utilisés. Cette progression mélodique est considérée comme la plus régulière, la plus naturelle.
Il fait naitre un sentiment de fierté, de puissance.
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