Bonjour Omar,
Elu au deuxième tour avec 11 voix sur 18
récit à la fois plein de verve mais jamais victimaire
une ode à l'intégration
un livre qui porte l'espoir et d'ouverture
écriture fluide et accessible
un récit avec les codes du roman et avec justesse de ton
très positif
un livre précieux
j'aurai aimé être à table au sein de cette famille
beauté, sincérité
ode au sacrifice des parents pour la réussite de leurs enfants
Ecrivain et musicien, Omar Taleb, d’origine algérienne né à Maghnia, est le fondateur du Festival et du prix littéraire Les Lorientales. Humble, il se livre avec passion. Sans fioriture.
C’est le souhait de retrouver mes racines, et j’y suis arrivé en partie via la musique puis la littérature. Guitariste et contrebassiste, j’ai joué dans plusieurs formations et donné des concerts dans nombre de styles, jazz, musique bretonne, classique ou baroque, mais au fond de moi, je voulais jouer de la musique arabe. Ne trouvant pas de musiciens au pays de Lorient pour suivre ce chemin, j’ai décidé d’y faire venir la musique arabe en créant le festival Les Lorientales en 2010. Mais comment se démarquer des autres événements culturels pour s’inscrire dans la durée et gagner en notoriété ? C’est là que m’est venue l’idée de créer ce prix littéraire. Bien m’en a pris, car c’est grâce à lui que Les Lorientales sont toujours présentes et actives dans le paysage culturel aujourd’hui. Désormais retraité, je ne lis plus de revues scientifiques mais des textes d’auteurs et les congrès médicaux ont été remplacés par les concerts, les rencontres avec les auteurs, les éditeurs, les institutions culturelles.
L’amertume vient du fait que ce prix, reconnu par les éditeurs et les médias du Maghreb, n’a pas réussi à se faire la place qu’il mérite sur le territoire français et même, au sein de l’Institut du monde arabe qui n’a jamais répondu à mes appels. Parmi les plus de 2000 prix littéraires organisés en France chaque année, le prix Lorientales, avec son jury populaire, est le seul à défendre et promouvoir la littérature orientale dans sa globalité, en plus de la littérature arabe proprement dite. Le prix du roman arabe organisé par l’Institut du monde arabe reste cantonné au monde arabe.
Ce prix qui existe depuis 2011, connu et reconnu n’a pas fait écho et nous ne trouvons pas trace dans les médias, hormis les locaux, de son histoire, de ses lauréats, contrairement aux «grands» prix d’automne en France qui raflent la mise. Et ce n’est pas faute de les tenir informés. Les rédactions restent sourdes à mes appels. Et ce sont toujours les mêmes auteurs «orientaux» que l’on retrouve sur les plateaux radios ou télé, les journaux spécialisés ou non. Comme si la littérature orientale ne se résumait qu’à ces moins de cinq auteurs. Je reste légèrement amer, mais fier du travail accompli. Etre toujours présent depuis 15 ans dans le paysage culturel, avec nos modestes moyens, c’est tout de même un signe positif et la preuve que l’idée est bonne.
Cette ténacité et cette qualité dans nos choix littéraires, qui nous tiennent depuis 2010, bien sûr elle nous a fait gagner des galons, mais nous n’arrivons pas, faute de visibilité, à attirer les mécènes et les partenaires qui nous permettraient de faire venir les auteurs à Lorient, promouvoir cette littérature et ces auteurs peu connus, comme il se devrait. Malgré ce désintérêt flagrant, je suis persuadé que ce prix percera un jour.
Les Maghrébins comme moi connaissent leur histoire et savent ce que leur histoire a donné à la France depuis plusieurs générations. Mais les Français et en particulier les Lorientais, pour beaucoup, ont vécu en parallèle de ces parcours de vie, sans vraiment chercher à les connaître. Pour Lorient où je réside depuis 40 ans, la plupart de ses habitants ne connaissent que le nom du navire qui a donné à la ville son nom: le Soleil d’Orient, et le nom de la compagnie des Indes qui faisait escale à Port-Louis. Et j’ai voulu, à travers ce livre, apostropher ces Lorientais en rendant hommage à la part du Maghreb et du Proche-Orient dans l’histoire de la ville de Lorient qui au départ s’écrivait avec, justement une apostrophe : L’Orient. Dans ce livre, des témoignages d’hommes et de femmes, Bretons ou immigrés, l’histoire du commerce avec les vins d’Algérie, les mots français d’origine arabe à travers un conte et bien d’autres choses à découvrir au fil des chapitres.
Ce livre, paru en 2020, a été écrit pour laisser une trace. Il a fait l’objet d’une adaptation pour le spectacle, joué en 2023, il sera rejoué en 2024 et un deuxième spectacle en sera à l’origine pour 2025.
Je suis retourné à l’âge de 10 ans en 1963, dans la maison natale à Maghnia. J’allais où ma famille m’emmenait, à Oran, Tlemcen… Mon deuxième séjour date d’octobre 2017, après plus de 50. Dès que j’ai foulé son sol, je m’y suis senti bien et à l’aise, comme si je l’avais quitté la veille.…
Lors de ce séjour, j’ai été reçu à l’ambassade de France et à l’Institut français pour parler des Lorientales et je les ai imaginées développées aussi en Algérie en organisant des échanges culturels entre mon pays d’origine et mon pays d’adoption, Lorient, en créant un prix du Livre Lorientales similaire à celui que j’ai fondé en France, avec son jury populaire. Lors de ma visite au SILA, j’ai rencontré les responsables culturels au stand de l’Institut français d’Algérie en leur faisant part de mon projet. Ils étaient enthousiastes mais je n’ai pas pu suivre, Les Lorientales n’ayant ni les moyens financiers ni les appuis politiques ou diplomatiques qui permettraient de faciliter toutes les démarches administratives nécessaires. Des projets et des rêves, bien sûr que j’en ai. Accueillir des artistes, des musiciens d’Algérie à Lorient et en retour, proposer des artistes et musiciens du pays de Lorient. J’en rêve toujours…
Les cornemuses et bombardes bretonnes sont des instruments de même facture, importés d’Orient et aux sonorités similaires. Les musiques d’Orient et de Bretagne utilisent certains modes et gammes en commun et même les micro-intervalles, ces fameux quart-de-tons caractéristiques. Deux musiques qui pourraient s’accorder et contribuer à établir une passerelle entre ces deux cultures, nos orients et nos occidents. Je devais retourner à Alger début 2024 mais comme je voulais profiter de ce nouveau séjour pour me rendre à Djanet, cela n’a pas pu se faire, il n’était pas possible d’obtenir de visa pour s’y rendre. J’espère que ce sera possible dans l’année qui vient.
Propos recueillis Par Chahredine Berriah
Après deux tours de scrutin
Mère de lait et de miel
Roman. Traduit du catalan par Dominique Blanc
Collection : Littérature catalane
Aux éditions Verdier
Fatima revient dans son village du Rif marocain après de longues années d’exil dans une ville industrielle de Catalogne. Elle fait à ses sœurs le récit de sa migration de femme illettrée partie avec sa fille Sara à la recherche d’un mari qui la laissait sans nouvelles. Abandonnée par celui qu’elle croyait rejoindre, elle a dû lutter seule face aux multiples difficultés de la vie quotidienne dans un monde qui lui était étranger. Alternant avec ce récit, le roman retrace l’éveil à la vie de Fatima dans la douceur du cocon maternel, avant qu’elle ne doive trop vite affronter son destin de femme.
Najat El Hachmi
D’origine marocaine (elle est née en 1979 dans le Rif, à Nador), Najat El Hachmi vit, depuis l’enfance, près de Barcelone ; elle écrit en catalan et en castillan.
Elle publie son premier livre en 2004 : Jo també sóc catalana (« Moi aussi, je suis catalane »). En 2008, son roman L’últim patriarca (Le Dernier Patriarche, Actes Sud, 2009) est distingué par le prix Ramon-Llull. En 2021, elle reçoit le prix Nadal pour le roman qu’elle fait paraître simultanément dans les deux langues, en catalan : Dilluns ens estimaran (Edicions 62), et en castillan : El lunes nos querrán (Destino).
Mer de lait et de miel (2023) est son quatrième roman, paru en 2018 en Espagne.
SI J'AVAIS UN FRANC
Editions Anne Carrière
Dès l’aube, Korichi se dirige vers l’usine d’Haumont avec des centaines d’ouvriers. La douleur de l’exil ne se dissipe pas depuis qu’il a quitté l’Algérie en 1948, mais il doit continuer, accumuler les jours de travail pour couvrir les dettes d’une famille de dix enfants, et espérer donner à ces derniers la chance d’une autre vie. Après l’usine, il trouve du réconfort au café, où les communautés de travailleurs immigrés commentent l’actualité et organisent la solidarité. Rayonnante même dans le dénuement et l’adversité, Yamina élève leurs enfants dans un entre-deux complexe : son rêve d’un retour au pays natal se mêle à la détermination de les voir s’intégrer et réussir, et peut-être embrasser l’idéal républicain.
À travers une déambulation dans l’histoire française, de la guerre d’Algérie aux soubresauts du xxe siècle, Si j’avais un franc appelle à réfléchir aux questions d’identité et d’intégration. Mêlant intime et politique, cette autofiction familiale lumineuse donne voix à ces femmes et ces hommes de l’immigration algérienne qui ont subi l’exploitation et le mépris, et rend hommage à un père et une mère condamnés malgré eux à l’héroïsme.
Abdlekrim Saifi a grandi à Hautmont dans le nord de la France. Il a été journaliste au Nouvel Obs et à La Voix du Nord, enseignant à l’université de Lille, puis président d’une fondation de recherche. Il est l’auteur d’une biographie de Pasteur (Pasteur ou la rage de vaincre, éditions La Voix du Nord).
Ce que je sais de toi
Editions Philippe Rey
Le Caire, années 1980. La vie bien rangée de Tarek est devenue un carcan. Jeune médecin ayant repris le cabinet médical de son père, il partage son existence entre un métier prenant et le quotidien familial où se côtoient une discrète femme aimante, une matriarche autoritaire follement éprise de la France, une sœur confidente et la domestique, gardienne des secrets familiaux. L’ouverture par Tarek d’un dispensaire dans le quartier défavorisé du Moqattam est une bouffée d’oxygène, une reconnexion nécessaire au sens de son travail. Jusqu’au jour où une surprenante amitié naît entre lui et un habitant du lieu, Ali, qu’il va prendre sous son aile. Comment celui qui n’a rien peut-il apporter autant à celui qui semble déjà tout avoir ? Un vent de liberté ne tarde pas à ébranler les certitudes de Tarek et bouleverse sa vie.
Premier roman servi par une écriture ciselée, empreint d’humour, de sensualité et de délicatesse, Ce que je sais de toi entraîne le lecteur dans la communauté levantine d’un Caire bouillonnant, depuis le règne de Nasser jusqu’aux années 2000. Au fil de dévoilements successifs distillés avec brio par une audacieuse narration, il décrit un clan déchiré, une société en pleine transformation, et le destin émouvant d’un homme en quête de sa vérité.
Né à Montréal de parents égyptiens, Éric Chacour a partagé sa vie entre la France et le Québec. Diplômé en économie appliquée et en relations internationales, il travaille aujourd’hui dans le secteur financier. Ce que je sais de toi est son premier roman.
LES PAPILLONS DE LAMPEDUSA
Collection : Lettres du monde arabe
Editions L'Harmattan
Il est minuit passé, par une nuit estivale, sur une côte d Afrique du Nord, ils avancent dans le noir épais. Ils viennent de partout et de nulle part. Ils se rejoignent, se regroupent, font corps. Ils ne se connaissent pas, mais leur pas, leur démarche, qui est exactement la même, les unit comme une famille. Ils sont les fils et les filles de la traversée. Ils avancent vers un radeau de bois ou de pierre, tout doucement, attirés par la mer comme des papillons sont attirés par le feu. Un huis clos sur la grande bleue. S inspirant de la tragédie du 3 octobre 2013 en Méditerranée, Walid Amri, à travers les portraits croisés de « traverseurs », signe un roman d une grande poésie, qui transfigure les migrants dans leur quête de soi. Radioscopie d une traversée à l heure où la question migratoire n a jamais été aussi pressante.
Né à Tunis, Diplômé de l'Ecole Supérieure de Commerce, Walid Amri exerce actuellement la profession de chargé d'affaires au sein d'une banque privée à Dubai.
Les carnets d'El-Razi
Roman traduit de l’arabe (Tunisie) par Lotfi Nia
En coédition avec les éditions [barzakh], collection Khamsa (fictions arabophones du Maghreb)
Le quotidien du narrateur des Carnets d’El-Razi est bien rodé, consigné dans une suite de notes écrites au fil de ses consultations. Car il est psychologue clinicien, et passe ses journées à l’hôpital psychiatrique El-Razi, dans la banlieue de Tunis. Ses patients, qui portent des noms de personnalités célèbres –Dostoïevski, Mademoiselle Cioran, Mohamed Ali… –, sont des hommes et des femmes en grande souffrance. Le narrateur les dépeint d’une plume sardonique. Et progressivement, ils l’entraînent dans une dérive irrésistible, si bien que bientôt sa propre réalité tangue.
Au fil de ses obsessions hallucinatoires, le psychologue rencontre un lézard prénommé Lazer, « psychanalyste lacanien », et va même côtoyer le fantôme de son illustre prédécesseur, Frantz Fanon (qui œuvra durant cinq ans à l’hôpital El-Razi) et qui propose aux patients de nouvelles thérapies aussi loufoques que radicales…
Installant une mécanique implacable menant à un final apocalyptique, Aymen Daboussi signe un récit détonnant. Les égarements du narrateur et de ses patients sont autant de métaphores d’une société gangrenée par l’hypocrisie sociale, les superstitions, une religiosité maladive, ou une institution psychiatrique aux méthodes de soins brutales. Par son écriture libre, se revendiquant d’une littérature de l’outrance, Aymen Daboussi fait de l’hôpital El-Razi le miroir déformé des impasses de son pays.
Né en 1982 à Tunis, Aymen Daboussi est psychologue clinicien et écrivain. Diplômé de l’université de Tunis, il a travaillé durant près de six ans à l’hôpital psychiatrique d’El-Razi, avant d’exercer dans un cabinet privé. Il est l’auteur de deux recueils de nouvelles et d’un roman, ainsi que de nombreuses contributions dans la presse arabe.
Bonjour,
Le comité de sélection de notre prix littéraire a choisi ses dix préfinalistes à l'issue de sa dernière réunion. La prochaine aura lieu le 24 mai où seront désignés les cinq finalistes et les membres du prochain jury.
Les années se suivent mais ne se ressemblent pas, les auteurs s'inspirant pour la plupart de l'actualité.
- Sur le méridien de Greenwich, un roman drôle et désespéré sur la condition d'immigré. Shady Lewis, Actes Sud.
- Les papillons de Lampédusa, un roman s'inspirant de la tragédie du 3 octobre 2013 en Méditerranée. Walid Amri, L'Harmattan.
- La demeure du vent, le roman des derniers instants d'un soldat blessé dans la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011. Samar Yazberk, Stock, La Cosmopolite
- Un après midi sous la neige, dans un village reculé du Liban, deux adolescents, Emile et Taïm, s'embrassent, cachés près d'une maison abandonnée. Leur baiser interdit a peut-être été vu … Nouh Samer, Tropismes.
- Les carnets d'El-Razi, par son écriture, Aymen Daboussi fait de l'hôpital El-Razi le miroir déformé des impasses de son pays. Philippe Rey (Barzakh)
- Les conditions idéales, placé à l’Aide sociale à l’enfance dès son plus jeune âge, Skander est un garçon curieux de tout, passionné par la lecture. Mais son destin bascule lorsqu’il atterrit à Courseine, en banlieue parisienne....Mokhtar Hamoudi, Gallimard
- Si j'avais un franc, à travers une déambulation dans l’histoire française, de la guerre d’Algérie aux soubresauts du XXe siècle, ce roman appelle à réfléchir aux questions d’identité et d’intégration. Abdelkrim Saïfi, Anne Carrière
- L'étoile de la mer, il y a dans ce roman l'évocation d'une réalité sensible de la diversité palestinienne, d'une forme de rêve ou de cauchemar palestinien ...Elias Khoury, Actes Sud
- Mère de lait et de miel, alternant avec ce récit, le roman retrace l’éveil à la vie de Fatima dans la douceur du cocon maternel, avant qu’elle ne doive trop vite affronter son destin de femme. Najat El Hachmi, Verdier
- Ce que je sais de toi entraîne le lecteur dans la communauté levantine d’un Caire bouillonnant, depuis le règne de Nasser jusqu’aux années 2000. Au fil de dévoilements successifs, il décrit un clan déchiré, une société en pleine transformation, et le destin émouvant d’un homme en quête de sa vérité. Eric Chacour, Philippe Rey.
De bien belles lectures à travers, l'Egypte, le Liban, la Syrie, la Tunisie, le Maroc, l'Algérie, la Palestine, les territoires d'exil...
Bien à vous,
Omar Taleb, Prix Lorientales
0786119328
Elu après deux tours de scrutin
Le projet de spectacle choral adapté de l'ouvrage "Quand l'ORIENT apostrophe LORIENT" édité chez GROIX Editions et diffusion est lauréat 2023 de la Fondation d'entreprise la Banque Populaire du Grand Ouest et lauréat de FONDALOR, les Citoyen;nes de la Découverte