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Les musiques arabes

Le maqam

le maqam est une forme d’improvisation vocale ou instrumentale.

Maqam, littéralement, veut dire « station debout ». En terme de musique arabe, il faut comprendre ce terme comme l’action «  d’ériger, construire, bâtir » quelque chose.

Le maqam est un parcours, une construction  musicale et qui peut même se transformer en quête dans la musique soufi.

Le musicien part d’une note et, il improvise sur une échelle de notes prédéterminée caractérisée par des intervalles précis entre chaque échelon et il va ainsi progresser et construire ce parcours, en quête  et en recherche d’une esthétique, d’un état d’âme, d’effets psycho-acoustiques, dans le but de transporter son auditoire dans le même état d’âme que le sien.

Musiciens, chanteurs et auditeurs vont partager ce moment « d’extase » musicale.

Cette improvisation obéit à des règles musicales, modes, styles, écoles.


Cette forme d’improvisation se retrouve dans l’ensemble du monde arabe. Il obéit toutefois à deux principes fondamentaux.

  • L’espace, les notes qui vont constituer le mode, la façon dont elles vont être enchaînées, en terme de longueur (valeurs longues ou courtes) et de hauteur, les silences également plus ou moins long qui vont « emplir «  l’espace entre chacune des notes. Il représente l’élément essentiel du maqam. Il le caractérise et les oreilles averties reconnaissent immédiatement le mode dans lequel cheminera cette improvisation.
  • Le temps, le rythme, les façons dont les notes vont être groupées ou séparées .Son organisation déterminera la structure du morceau mais au contraire de l’espace, il ne le caractérisera pas.

Un exemple, en musique occidentale, une valse est immédiatement reconnaissable à son rythme à 3 temps. La mélodie, elle, va se conformer à ce rythme imposé, pré-établi. Et il y aura autant de valse que de compositeur mais toujours sur ce même rythme.


Le maqam ne sera pas soumis à ce paramètre temporel qui a ses propres règles, cycles et périodes. Il restera au service du mode et de la mélodie.

Pour une oreille occidentale, cette improvisation donnera l’impression de n’avoir aucune forme, ni commencement, ni fin. Détrompez-vous !

Comme pour une improvisation, un chorus en jazz, il y a une succession de phases qui va réellement lui donner une forme. Après cette lecture, écoutez un maqam et vous reconnaîtrez ces phases, aisément. Une lecture explicative suffit pour devenir un mélomane averti !

1 . Le passage mélodique :

L’exposition du thème en quelque sorte. Le mode est prédéterminé ; Hijaz, Bayati…L’improvisateur va ensuite rejouer le thème en développant une ou des variations autour de ce thème, le rejouer encore et l’embellir avec des ornementations mais, il reste cantonné au mode initial.

A chaque nouveau passage mélodique, il accentuera, mettra en valeur une note du mode. Il n’y a pas de règle qui fixe le nombre de passages mélodiques. Ce sera l’inspiration, la technique, la virtuosité, la maîtrise qui guidera l’improvisateur et la réceptivité des auditeurs.

 

2. les phases.

Un maqam se construit comme un chorus en jazz, comme des préliminaires…A chaque passage mélodique, il s’ensuit plusieurs phases qui élèvent graduellement les registres, des plus bas aux plus aigus, jusqu’à l’apogée. C’est là que s’exprime tout l’art de l’improvisateur. Broderies, tournoiements autour des notes-pivots du mode, appogiatures, retards et autres ornements, trilles… des termes de la musique occidentale que j’utilise pour que vous compreniez mieux cette construction du maqam.

D’un mode de départ, l’improvisateur va s’en détacher, s’en éloigner habilement pour explorer des modes voisins. Encore une expressivité de l’art du Maître.

Chacun selon sa fantaisie s’attardera sur telle ou telle phase ou note-pivot. Rien n’est fixé à l’avance. L’auditeur reconnaîtra l’habileté du musicien ou du chanteur à la façon dont il met en valeur, combine ces diverses régions modales. Le Maître saura emmener, à force de tensions/détentes, l’auditeur vers cette extase partagée.

Une fois l’apogée atteinte, l’extase révélée, arrivent repos et détente. Là encore, le virtuose va revenir progressivement, en douceur, sans à-coups mélodique ou sans heurter l’oreille vers le mode d’origine. L’auditeur reconnaît ce moment et aspire à ce repos.


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