Omar alla frapper un jour à la porte de son voisin. C’est son épouse qui lui ouvrit :
- Je suis content que ce soit toi ! J’ai besoin d’une marmite pour faire mon repas ? Pourrais-tu m’en prêter une ?
- Bien sûr, répondit-elle, je vais t’en chercher une.
La voisine revint avec une marmite de taille moyenne. Confiante, elle la prêta à Omar.
Le lendemain, avant de lui rendre sa marmite, Omar en posa une petite à l’intérieur de la première puis, se rendit chez sa voisine.
- Merci beaucoup. Voilà ta marmite, elle m’a été bien utile.
- Mais, Omar, la petite n’est pas à moi !
- Mais si ! cette nuit, ta marmite a accouché d’une petite. C’est son enfant, elle te revient de droit.
La voisine se moqua de la naïveté d’Omar mais, fut contente de gagner une marmite.
Quelques jours plus tard, Omar frappa à nouveau à la porte de sa voisine.
- Bonjour, j’aurais encore besoin d’une marmite, pourrais-tu m’en prêter une ?
- Avec joie ! Lui répondit-elle. Je vais te prêter la plus belle et la plus grande de mes marmites.
La voisine espérait bien récupérer une deuxième marmite…Omar la prit donc et s’en alla chez lui préparer son repas.
Deux jours passèrent, puis quatre, puis huit. Aucune nouvelle d’Omar. La voisine s 'inquiétait, non d’Omar mais plutôt de « ses marmites ». Trop impatiente elle finit par aller chez lui. Elle frappa à sa porte :
- Cher voisin, lui dit-elle, tu as oublié de me rendre ma marmite.
- Je n’ai point oublié chère voisine mais, il est arrivé un grand malheur et je ne savais comment te l’annoncer. Vois-tu, alors qu’elle accouchait, ta belle marmite est morte la nuit même dans d’atroces souffrances.
- Ne te moquerais-tu pas de moi, Omar ? Depuis quand les marmites meurent-elles ?
- Malheureusement, dans la vie, voisine, tous ceux qui enfantent meurent un jour. Tu as bien accepté que ta première marmite accouche, il faudra bien admettre maintenant que la seconde est morte.
Et Omar, ainsi, garda la belle et grande marmite.
Omar vient d'être invité par un riche marchand qui voudrait se targuer de l'avoir eu à sa table.
Omar accepta car l'épouse de ce marchand a la réputation d'être une excellente cuisinière, comble du peu, d'être magnifiquement belle.
Au terme du somptueux repas, quand on en est à se rincer les doigts à l'eau de rose, le riche et orgueilleux marchand demande à son hôte:
- Omar! Toi qui a des lumières sur toutes choses, à ton avis, y a-t-il des pardons qui blessent plus que l'humiliation?
Omar ne répond pas mais, sans crier gare, il lui administre une claque sur les fesses, suffisamment forte pour que tout le monde l'entende et, franchement suggestive...devant sa très belle femme et les autres invités.
- Par Allah! répond l'autre surpris, as-tu perdu la tête?
- Je te demande pardon, dit Omar l'air gêné. J'ai cru que c'étaient les fesses de...ton épouse.
Aujourd'hui, c'est le jour du grand souk dans le village d'Omar. Des échoppes recevant tous les paysans de la région, étalant leurs produits et, la place du village est occupée par la foire aux ânes, à ne manquer pour rien au monde.
Il y a grande affluence, acheteurs, vendeurs et, les affaires vont bon train.
Deux hommes de la grande ville, méprisants sur leur magnifiques purs sangs, se rendaient à la cour du sultan, ce village était un passage obligé.
Du haut de leurs montures, ils s'adressent avec leur air abject à Omar qui se trouvait là:
- Dis! toi. Il n'y a donc ici que des ânes et des paysans? Comme c'est drôle. Et ils éclatent de rire, fiers de leur plaisanterie.
Et Omar de lui répondre:
- Tu es sans doute un paysan toi-même?
- Moi? Certes non! répond-il sur le champ, vexé.
- Alors, rétorqua Omar....je vois qui tu es.
Dans chaque ville conquise, le seigneur Tim ordonnait aux habitants de lui amener sur le champ, le plus sage d’entre eux. Et il posait toujours la même question :
- D’après toi, suis-je un tyran ou un souverain juste ?
Si l’homme répondait « un tyran », se sentant insulté, il lui coupait la tête.
S’il répondait « un souverain juste », il lui tranchait également le cou pour hypocrisie.
Un jour, le seigneur Tim envahit la ville où résidait Omar. C’est naturellement que les habitants l’envoyèrent pour cette épreuve, sûrs d’eux de ne pas le revoir vivant.
Et le seigneur de lui poser sa question.
- Omar, suis-je un tyran ou un souverain juste ? Méfie-toi car, si ta réponse ne me satisfait pas, je te tue immédiatement.
- Tu n’es ni l’un ni l’autre, répondit Omar.
- Ah ? Explique-toi.
- Tu n’es pas un pas un tyran. A-t-on jamais vu un tyran tuer quelqu’un après lui avoir demandé son avis ?
- Si je ne suis pas un tyran, je suis un souverain juste alors.
- Pas plus, lui répondit Omar, tu ne l’es pas car tu tues des innocents.
Le seigneur Tim décontenancé lui laissa la vie sauve. Et c’est de ce jour qu’il l’a pris à son service.
Adieu tyrannie, adieu injustice.
Attiré par la réputation de science d’Omar, un étudiant vient spécialement de la grande ville de Nantes à Lorient, pour lui poser des questions.
Il l’interroge sur l’origine de l’Univers et des étoiles, sur les dernières découvertes médicales, sur la pluralité des espèces et sur bien d’autres choses encore, toutes plus complexes les unes que les autres.
Au grand étonnement de l’étudiant, Omar répond à chaque fois qu’il ignore la réponse à ses questions. Le jeune homme est persuadé qu’il se trouve face à un imposteur.
- Honte sur toi ! lui dit-il. Je vois que ta réputation ne repose que sur du vent.
- Comment te permets-tu, ignorant ? lui répondit Omar. Tu n’en sais fichtrement rien. Sache que je suis renommé pour ce que je sais et non pour…. Ce que je ne sais pas.
Omar labourait son champ et surprise, son soc cogne sur une jarre. Il la déterre et, nouvelle surprise, elle est remplie de pièces d’or. Il s’empresse de la cacher en attendant la nuit.
Ennervé par cette découverte, il voulait aussitôt partager sa joie. Il rentre vite chez lui, va chercher son épouse, l’attirant vers la pièce la plus éloignée de l’entrée, qu’il ferme à clé.
Personne d’autre, il fait part de sa découverte en lui faisant jurer de ne souffler mot à âme qui vive.
Sa femme jure…
Au couché, il se rend compte de l’énorme bêtise qu’il vient de commettre. Dès le lendemain sa femme ne pouvant tenir sa langue, tout le village connaîtrait son secret.
Une idée lui vint. Il se leva, laissant sa femme endormie. D’abord, il changea la cachette et plaça la jarre en lieu sûr. Revint chez lui et monta sur le toit chargé de deux seaux pleins de couscous qu’il étala sur son toit en imitant les bruits du tonnerre et de l’orage puis, se recoucha.
Au réveil, sa femme lui dit :
- Omar, j’ai eu très peur cette nuit, avec tous ces orages.
Se souvenant qu’elle avait laissé du linge sur le toit, elle alla le vérifier pensant qu’il serait trempé et cria de surprise :
- Omar, il a plus du couscous !
- Rien n’est impossible à Allah, répondit-il, en « grand philosophe ».
Comme Omar l’avait prédit sa femme ne pu tenir sa langue…La nouvelle arriva jusqu’aux oreilles du Sultan. Il fit chercher Omar sur le champ.
Le Sultan :
- Sais-tu Omar que, selon la loi, tout ce qui est dans le sol m’appartient ? Tu dois donc me remettre la jarre que tu as trouvée.
- Quelle jarre ? Je ne comprend rien à ton histoire.
- Ne joue pas au malin Omar, ta femme en a parlé à tout le monde.
- Oh, c’est bien cela. Mais tout le monde sait que ma femme est aussi simple d’esprit et que la nuit, elle fait des rêves et les prend pour la réalité.
Le Sultan fit venir sa femme et lui demanda de raconter la vérité, à toute l’audience.
- La vérité est que mon mari a trouvé en labourant notre champ, une jarre pleine de pièces d’or.
- Peux-tu nous dire quel jour c’était ?
- C’est très facile de s’en rappeler, c’était le soir où il a plu du couscous.
- Très bien, dit le Sultan. Omar, tu peux rentrer chez toi avec ta femme, et qu’Allah te vienne en aide pour la supporter.
Le Seigneur Tim s’ennuyait:
- Omar ! Dit-il à son familier, j’ai envie d’entendre de la musique, va chercher ton instrument et joue-moi un air gai.
- Ô seigneur, est-il quelque chose que ne je ferais pour rompre votre ennui ?
Et Omar apporte son oud, se concentre et commence à jouer. Entendez par là qu’il déplace la main gauche sur le manche et qu’il anime sa main droite, sans toucher les cordes.
Au bout d’un temps, le Seigneur Tim s’impatiente :
- Allez Omar, assez de préparatifs, joue donc.
- Mais je joue, mon bon maître. Seulement, je joue très doucement.
- A dire vrai, trop doucement, je n’entend rien !
- C’est à cause du moucheron, son bourdonnement couvre le son de mon instrument.
- Je ne l’entends pas plus.
- Dans ce cas, Seigneur Tim, conclut Omar, il est inutile que je continue, vous n’avez pas l’ouïe assez fine pour ma musique.
Omar avait repris ses consultations. Son voisin qui avait pris trop d’embonpoint vint le voir :
- Trouves une solution à mes bourrelets, je ne supporte plus cette obésité.
Omar l’examina longuement avant de se prononcer :
- Ne te prive pas voisin, c’est totalement inutile. Ton sort est scellé puisque dans un mois, tu mourras.
Son voisin se trouva mal. De blanc, il devint vert de peur et rentra chez lui en courant, affolé. Il ne trouva plus le repos ni le sommeil. Il n’avait goût à rien. Les bons plats que lui mijotait son épouse ne suscitait chez lui , plus aucune envie. Il perdit tout appétit si bien qu’au bout d’un mois, il avait incroyablement maigri. Il était méconnaissable.
A un mois donc, il était mince mais…toujours vivant ! La mort ne s’était pas présentée. Il retourna voir Omar à sa consultation:
- Mais, Omar, tu t’es trompé puisque me voilà devant toi, toujours vivant!
- J’espère que tu le resteras le plus longtemps possible et que ta vie sera prospère mais, c’était le seul moyen que j’avais pour te faire maigrir.
Cet après-midi, Omar était assis sur un promontoire, entre le magistrat et l’imam de la ville. Ils devisaient tout en contemplant le paysage, se félicitant de la chance que le destin leur avait donné de vivre dans un si bel endroit.
Au moment de se séparer, le religieux lui demande :
- Omar, tu es un sujet surprenant. Quel homme vraiment es-tu donc ? Un moment je crois être en présence d’un idiot parfait et quelques instants plus tard, en présence d’un esprit malicieux, capable de duper ou voler n’importe qui.
Et le magistrat de rajouter :
- Omar, sois franc ! Dis-nous qui es-tu en vérité : un escroc ? Un imbécile ?
- Cela dépend répond Omar. Mais je peux vous dire, chers amis, qu’en ce moment, je suis …. Entre les deux.
Omar et son voisin devisaient , assis sur un banc, regardant la mer et les bateaux qui rentraient dans le port de Lorient. Omar réfléchissait, cela lui arrive parfois. Il était bien embêté, il se demandait de la Lune ou du Soleil, lequel était le plus important.
Son voisin l’éclaira de sa réflexion et lui dit
- Voyons Omar, c’est le Soleil, sans lui, pas de lumière et aucune vie sur terre ne serait possible.
- En es-tu vraiment sûr ? Lui répondit Omar
Omar réfléchissait encore, deux fois à suivre, il en est bien capable mais peut-être pas trois…
- Tu vois cher voisin, je pense que la Lune est bien la plus importante.
- Et pourquoi donc ?
- Parce que la Lune apparaît la nuit et, c’est justement pendant la nuit qu’on a le plus besoin de lumière.
Rentrant chez lui, en passant devant le port de Lorient, Omar fut attiré par un attroupement ; il s’approcha et vit un homme en train de se noyer. L'homme était tout près du bord et pouvait attraper les mains qui se tendaient pour le sauver. Les gens lui criaient sans cesse :
- Donne-nous ta main ! donne-nous ta main !
Mais l’homme se débattait sans cesse, avalant gorgées d’eau sur gorgées d’eau. Il refusait d’attraper les mains qui se tendaient devant ses yeux.
Omar s’approcha et pensa reconnaître son voisin
- Ecartez-vous tous ! dit-il, c’est mon voisin. Il est tellement avare qu’il ne vous donnera jamais rien, même pas sa main.
Puis Omar s’approcha encore plus près et tendit la main à son voisin en lui disant :
- Tiens ! Prends ma main.
Et son voisin s’accrocha immédiatement à cette main tendue qui lui était offerte, sans hésiter.
C'est ainsi qu'il fut sauvé de la noyade.
Omar, ce matin , est sorti dans son jardin et plus radieux que jamais. Heureux.
Son voisin, surpris devant cette mine resplendissante, inaccoutumée vint vers lui en disant
- Eh bien Omar, on dirait que tu viens de découvrir un trésor.
- Un trésor ? Mieux que cela cher voisin, lui répondit-il. J’ai 58 ans et je viens de remarquer que j’avais la même force qu’à 20 ans.
- Et, comment t’en est-tu aperçu ?
- C’est simple ! Vois-tu l’énorme pierre qui limite nos jardins ? Eh bien, à 20 ans je n’arrivais pas à la bouger, même d’un millimètre.
- Et alors ?
- Hier soir, j’ai essayé de la bouger et n’y suis pas plus arrivé.Exactement comme…..…à 20 ans.
Omar voulait devenir médecin. Ses parents l’ont présenté à son voisin, le plus grand médecin de la ville. Compte tenu de ses qualités, il accepte de prendre Omar comme stagiaire et l’invite à suivre sa tournée.
Chez le premier malade qui se tordait de douleurs en se tenant le ventre, sans même l’examiner, le médecin lui dit :
- Rien de plus simple, ne mange plus autant de cerises, bois une tisane avant de te coucher et demain tu seras guéri.
Omar, admiratif devant son maître :
- O Maître ! sans lui palper le ventre ou l’ausculter vous avez trouvé ce dont il souffrait !
- Très simple Omar, sous son lit, un gros tas de noyaux de cerises. Il a du trop en manger.
Omar, de retour chez lui pensait avoir tout compris de la médecine et, dès le lendemain se déclara médecin. Se targuant d’être disciple du Grand Maître il fut très vite sollicité et, à sa première visite , sans examiner le souffrant, regarda sous son lit. Il n’y vit que…de vieilles babouches.
- Rien de plus simple, lui dit Omar. Ne mange plus autant de babouches, boit une tisane avant de te coucher et demain tu sera guéri.
Omar comme chaque matin faisait le tour de son jardin. Ce matin là, différent des autres jours, il répandait tout autour de son terrain, un mélange de cendres et de gros sel. Son voisin, intrigué, ne put s'empêcher d'aller à sa rencontre.
- Bonjour cher Omar! Mais pourquoi donc disperses-tu du gros sel sur le sol?
- Bonjour cher voisin! Mais c'est pour chasser hyènes, tigres et autres prédateurs dangereux.
- Mais il n'y a aucun de ces animaux par ici, lui répondit son voisin;
- C'est bien la preuve que ce que je fais est efficace!
d'après J. Darwiche
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